A tous ces hommes et femmes, d’envergure nationale, figures emblématiques de la lutte pour notre indépendance qui ont fait montre d’une dignité, d’un courage et d’un devoir dans une période glorieuse où le sens du sacrifice prenait toute sa plénitude.
Que vous soyez toujours parmi nous ou partis dans vos demeures éternelles, votre histoire est la nôtre.
Cette histoire de l’indépendance, qui nous est si bien contée avec du vernis depuis 1999, dont l’individualisation assumée en est le corollaire et son expression la plus éclatante, est volontairement rendue modulable au gré des circonstances par des apparatchiks montés en graine depuis peu, des piètres hobereaux souvent, qui ont passé trop de temps sous les lambris du pouvoir mais loin, très loin de la lutte pour l’indépendance. A force de les écouter depuis si longtemps, l’on a fini de donner à la République une histoire imaginaire.
Cette histoire fabriquée, de bout en bout par des imprécisions souvent fuyantes et des incompatibilités indiscutables, est la conséquence des passions politiques de notre époque si bien qu’elle donne à ceux qui l’écrivent et la racontent le sentiment de pouvoir vivre leur fantaisie. « Là où il y a la passion, la raison s’éclipse » dit-on.
L’illusion est parfaite mais indigeste car elle s’habille d’une vieille recette éculée que nombre de dictatures évincées en ont abusées. Elle ne trompe personne. Ni d’ailleurs l’histoire elle-même. Parce que le souffle de l’histoire est un marqueur indélébile tant il prouve que les effets rhétoriques utilisés par ceux qui ont une rancune de nature historique ne peuvent étouffer la vérité.
Presque personne n’échappe à ce fameux « souffle historique » qui a toujours réussi à emporter sur son passage et surtout à « poutrer » tous ceux qui se sont adonnés au maquillonnage historique pour brouiller les repères. Cette issue prévisible, au fond inéluctable, résulte évidemment d’une logique historique bien connue : Le premier s’appuie sur le contexte, ineffaçable, car vécu. Le second sur des textes fabriqués pour ripoliner et pouvant être délavés à tout moment tels des camaïeux.
Le doute ne porte pas sur cette histoire plus que jamais désavouée puisqu’elle fait l’objet de contestation, mais nombreux sont, en effet, ceux qui se demandent quant à la réalisation d’un vrai travail pratique et scientifique de réécriture qui remonte les traces du passé de la lutte pour l’indépendance tout en se démarquant du faux. Dans le présent, force est de relever, que cela dépasse largement le cadre d’un conflit politique. Il s’agit, avouons-le, d’une nécessité vitale, existentielle et de valeurs.
Avec un régime qui n’a pas la moindre intention de proposer autre chose que ces interminables incantations et qui s’arc-boute à créer une vision, pour ne pas dire une histoire, héroïque d’un mythe aux pieds d’argile, il est temps de déconstruire cette falsification pas complètement dénuée d’arrière-pensées, pour fêter, enfin, les noces confisquées de la République et de son Histoire.
L’histoire est avant tout un héritage. Cela est d’autant plus vrai, a fortiori, que l’on soit conscient ou pas, qu’il s’agit de notre patrimoine écrit dans les livres et dont la lecture nous sert de filtre.
Laisserons-nous un tissu de mensonges à nos enfants ?
40 années plus tard, la population ne nie point la réalité : Les colons partis, les Djiboutiens n’ont jamais vraiment obtenu leur indépendance. Elle leur a été désappropriée.
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